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Mademoiselle Freud, étudiante en Psychologie, au plaisir de vous faire lire...

mercredi 16 mars 2011

Parlons sublimation...

Chères lectrices, chers lecteurs,

Je ne vous trompais pas lorsque je disais qu'écrire demande beaucoup de disponibilité (temporelle et psychique), d'où mon absence remarquée. Mais après avoir passé une semaine très mouvementée où je me suis presque sentie pousser des ailes (je n'en dirais pas plus), je m'arrête un temps pour écrire "quelques" lignes.

Avez-vous déjà entendu parler de la "sublimation" au sens psychanalytique du terme? Admettons que non et à cet instant précis, c'est le moment où je vous assomme à cuillère de confiture (cf. rubrique sur la gauche "citation du moment")
La sublimation est une notion développée par Freud le Père dès 1895 et qui a pour but de comprendre l'activité artistique humaine. La sublimation est la désexualisation d'une pulsion. En d'autres termes et pour essayer de faire plus claire, je reprends la définition donnée sur Wikipédia qui nous l'explique "simplement" et efficacement : les activités artistiques ou intellectuelles, sans rapport apparent avec la sexualité, tirent en fait leur force de pulsions sexuelles (ou de pulsions agressives) dans la mesure où ces pulsions se déplacent vers un but non sexuel, et ce par l'investissement d'objets socialement valorisés.   Ce concept est considéré par certains auteurs comme un mécanisme de défense qui se retrouve souvent chez les artistes. 
Vous ai-je perdu? Oui? Alors des exemples pour mieux comprendre :
- Au lieu d'exprimer son agressivité intolérable, un artiste nous peindra une toile de 1000 couleurs.
- Au lieu d'éprouver des sentiments amoureux pour une femme indisponible, un homme éprouvera une grande amitié à son égard.
- Au lieu de se laisser envahir par des sentiments profonds de tristesse, un écrivain  écrira un roman.
- Au lieu d'être envahie par une angoisse et une peur diffuse de ne pas réussir, une jeune étudiante en psychologie écrira de longs articles pour un blog.

Oui, vous commencez à comprendre! 
C'est donc pour cela que, pour les plus artistes d'entre vous, il vous arrive d'être grandement inspirés lorsque vous êtes tristes ou en colère par exemple.




J'espère avoir été claire mais je dois avouer que définir la sublimation n'est pas un exercice aisé.

Bref! Après avoir introduit mon sujet, j'expose les faits.


Certaines et certains parmi vous savent que Grand frère vit depuis quelques mois à Aarhus, au Danemark, pays des éoliennes et des bicyclettes. Ainsi, l'automne dernier, avec Petite famille, nous avons pris nos baluchons et traversé une partie de l'Europe (à dos de chameau, si, si! Enfin peut-être pas, mais c'était aussi long) pour lui rendre visite. Et le temps d'une semaine, nous avons découvert cette charmante contrée, très dépaysante.

A Aarhus, on trouve le célèbre musée des beaux arts d'Aros (appelé également Le Diamant Blanc). Certaines des expositions présentées restent, d'autres changent et ne restent q'un temps. Ainsi, sur dix étages, sont exposés différentes oeuvres et différents artistes. Au dernier étage (celui que nous avons visité en premier) est consacré à l'Age d'Or et au modernisme danois. Les toiles qu'on y trouve sont classiques mais lumineuses et très plaisantes (c'est mon humble avis). Et aux étages inférieurs, on peut découvrir des oeuvres d'Andy Warhol et d'autres artistes moins connus en France.


Au premier sous-sol, on trouve la figure emblématique du musée :  The Boy de Ron Mueck (voir ci-contre), une statut de 5m de haut époustouflante de réalisme représentant un jeune garçon au regard et à la position un tantinet angoissant et qui m'a fait penser au célèbre personnage Gollum du Seigneur des Anneaux.




En octobre 2010, au premier sous-sol on trouvait également (et voilà où je veux en venir) les oeuvres de Christian Lemmerz et attention je réserve ce paragraphe aux plus de 18 ans
Bien sûr, on aurait pu se méfier lorsque le caissier a dit calmement en nous vendant les billets d'entrée et en regardant Petit frère de 13 ans (à croire que le flegme japonais est partagé également par certains danois) : "what is exposed by Lemmerz might be tough for young people". Pas de quoi effrayer un bisounours, me suis-je dit! Et Petite famille de penser : "bon si ce n'est pas interdit aux moins de 18 ans, ça ne doit pas être si "tough" que ça, et puis le "might" n'est pas si dissuasif". Inutile de se précipiter sur Google translate, je vous traduits les réels propos de ce danois : "Attention, pornographie trash et gore au programme, âmes sensibles s'abstenir!". 


Lors de notre visite, Petit frère de 13 ans, toujours un peu plus pressé que les autres, nous avait devancé et avait visité l'expo le premier... Il en était ressorti 10 minutes plus tard et nous, encore naïfs et innocents, nous étonnions de le voir si blanc et si embarrassé.
Et Petit frère, dont le totem sera pour cet article Petit sage danois, répondait à nos interrogations avec une sorte de neutralité bienveillante : "Chère Petite famille, je vous prie d'entrer... je pense qu'il est plus judicieux que vous fassiez cette expérience subjective par vous-même". (Petit sage danois, dans la réalité, ne s'exprime pas ainsi, mais je préfère déformer ses propos pour maintenir la confidentialité à un niveau élevé).

J'ignore comment vous décrire les oeuvres de Christian Lemmerz de manière sublimée. Donc, je vais le faire de manière crue, puis vous serez invités à cliquer sur des liens qui vous mèneront vers son travail. Je n'ai aucune photo à vous présenter, Jason (mon Canon) n'était pas de la "party"
Voici donc les principales icônes qui m'ont marquées, mais avant mise en situation : vous arrivez dans une grande salle d'exposition sombre qui ressemble à un hangar dont les murs seraient noirs, et des statuts de marbres y sont réparties à égale distance. Ces dernières sont éclairées par des spots de lumière qui les ciblent parfaitement.
- Une statut de marbre blanc représente un drap blanc sous lequel on peut deviner un corps (un cadavre?)
- Une statut de marbre blanc représente un nouveau-né endormi et en s'approchant de lui, on remarque les stigmates de la crucifixion  sur ses mains et ses pieds.
- Une statut de marbre blanc représente Mère Thérésa tenant amoureusement un jeune enfant dans ses bras et en s'approchant on remarque qu'elle l'étrangle avec un sourire sadique.


Mon Surmoi est trop fort, je ne peux vous en dire plus, mais je crois que vous avez compris. Pour les plus curieux d'entre vous, je vous invite à google-iser Christian Lemmerz.


Pour conclure cet article (ENFIN!), je vous raconte la fin de l'histoire. Petite famille sortie de cette épreuve, Petite maman, choquée et horrifiée, n'a cessé de dire à quel point ce que ce mec faisait était horrifiant et dégoûtant. Et je dois avouer que j'ai été fortement tentée de la suivre dans sa réflexion mais déformation universitaire m'obligeant, je me suis enclenchée en mode "psychanalyse de l'art moderne" et les hypothèses suivantes ont commencé à fuser dans mon jeune psychisme :
- Peut-on encore parler de sublimation puisque l'agressivité semble directement exprimée. - Mais peut-être pouvons-nous encore parler de sublimation puisque cette agressivité est déplacée sur des objets créatifs.- D'où vient ces pulsions agressives si fortes? - Pourquoi son Surmoi (les lois et les interdits que nous intégrons lors de l'enfance) n'a-t-il pas mis en place une censure suffisante?- Lemmerz avait-il eu une mère obsédée par la propreté? Avait-il fait une fixation au stade anal?- Pourquoi utiliser du marbre blanc, matériau si pur, pour représenter des scènes aussi marquantes?- Quel traumatisme a-t-il vécu dans sa jeune enfance?
Je n'aurai JAMAIS la prétention de dire que je détiens la réponse à ces questions, elles restent ouvertes et je vous invite, humblement, à apporter vos contributions à ma compréhension du fonctionnement psychique de Christian Lemmerz, artiste auquel je pense encore de temps en temps et qui, malgré ses horreurs apparentes et à la vue de cet article qui n'en finit jamais, m'a en réalité profondément touché... (Waahh, paye ta phrase de 5 lignes!)


Allé après vous avoir comté de douces horreurs, je vous souhaite une très belle nuit...


Mademoiselle Freud


PS : en relisant cet article, j'éprouve un fort besoin de justification. En effet, j'ai bien conscience que, dans cet article, je m'attaque à des sujets lourds, vastes et compliqués (l'art et la sublimation). Je tiens donc à vous rappeler que tout ce que vous trouverez sur Mademoiselle-Freud.blogspot.com n'est pas toujours à prendre au "pied de la lettre". Pour moi, il s'agit principalement d'un amusement et non de disserts de psycho pour examen. La plupart des choses que vous trouverez ici sont vulgarisées, histoire de ne laisser tomber personne dans la bataille et de rester le plus attractif que possible. J'informe certains que Freud le Père a passé sa vie entière à écrire des ouvrages et à élaborer des concepts... Moi, je passe seulement quelques heures par semaine à essayer de vous transmettre certaines notions que, parfois, je crois comprendre. Bref, à bon entendeur...



2 commentaires:

  1. Eeeeeehhh, et qu'advient-il de ceux qui ne sont pas doués artistiquement parlant?
    Qu'en penses-tu Melle Freud, unh?

    En ce qui me concerne, je me porte mieux en ne me posant pas toutes ces questions ;)

    Ton fidèle

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  2. Freud pensait que les femmes étaient incapables de sublimation... Mlle Freud, vous êtes bien une femme ?
    Maa, très cordialement ;-)

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